Oyez Oyez les copines,
Osez Osez Joséphine,
Criez Criez les coquines,
Nous voici rassemblées en ce weekend Pascal de l’an 55 après les émeutes de Stonewall pour célébrer avec vous toutes et tous un heureux événement. Une naissance autant qu’une résurrection. Une nouveauté dans la continuité de nos histoires queers collectives.
Plus d’une quinzaine d’années après la fin du couvent d’Ouille de notre joyeux désordre, celui qui parcourait les Pays de la Loire et la Bretagne, une nouvelle génération de folles radicales se lance à son tour. Et c’est ainsi, fièrement vêtues et coiffées, qu’elles partent à la conquête de ce Fard Ouest qu’elles connaissent et habitent toutes de longue date. Enfin, toutes ou presque…
[Sœur Proxima] L’envie de ce nouveau couvent des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence remonte à loin me concernant puisqu’il a finalement toujours un peu guidé mes pas de postulante, puis de Novice et enfin de Sœur. Moi qui voulais avant tout faire venir les sœurs à Rennes lorsque je suis entré au couvent de Paris il y a 5 ans de cela, je les ai finalement fait sillonner un peu toute la Bretagne au fil des actions que nous avons vécues ensemble sur mes terres de provinciale. Ces sorties ont fait connaitre les sœurs qui se sont fait souvent reconnaitre d’ailleurs après les passages de nos illustres prédécesseures, et ces élans de folies ont fonctionné. L’accueil qui nous a été réservé fut toujours magnifique, jusqu’au recrutement de quelques anges en local. Phal-Ange et Vid-Ange, on vous aime.
Mais on ne fait pas couvent seule. Règle immuable de notre saint ordre, ce n’est pas une bonne paire mais une belle trinité qui est indispensable pour faire rayonner nos vœux, et faire en sorte que cette vaste blague prenne tout son sens. Notre déesse immémoriale de la Perpétuelle Indulgence que moi perso j’appelle Murielle, Mumu quand je me sens vraiment proche d’elle, a jugé bon de prendre mes prières à cœur en mettant Frida et Mélusine sur la route de ma vocation indulgente. Je la remercie du plus profond de mon être de m’avoir fait vivre de cette manière ce que l’on a pour coutume d’appeler entre nous « la magie des Sœurs ». Nous sommes toutes les trois très différentes, et en même temps nous sommes les mêmes. Les valeurs que nous incarnons lorsque nous passons nos habits, nous les vivons aussi fort les unes que les autres une fois le maquillage enlevé. Et c’est bien parce que cette même dynamique nous traverse toutes les 3 que ce couvent existe et que j’ai une confiance absolue en elles deux.
Différentes mais similaires, singulières mais complémentaires, en gros c’est un peu comme si on était les truies mousquetaires de Bretagne, et je ne me verrais pas co-construire cette nouvelle histoire indulgente avec deux autres sœurs que vous. Merci encore à vous deux pour votre amour et votre confiance.
[Sœur Mélusine] De mon côté, comme ma Grand-Tata Yoyo, je suis entré au Couvent avec déjà en tête la Bretagne, me demandant bien comment j’allais pouvoir articuler mon aspiration profonde vers ma terre natale et mon engagement sororal parisien… Le miracle s’est produit, allelluia, grâce à ces deux magnifiques spicy-women à mes côtés.
La petite Mélusine a grandi dans la ruralité, seule et sans repères LGBT, qu’est-ce qu’elle aurait aimé tomber sur une beauté comme celles-ci lors de mes soirées ou festivals… A l’époque je me mettais à rêver devant Charmed de super pouvoirs et de mecs magnifiques à me mettre sous la dent…
Enfin, les trois soeurs Holygwell bretonnes débarquent : Trou Hollygwell alias Proxi déplace les objets directement vers les orifices, Pipe Holygwell alias Frida arrête le temps et la bande passante, et Folie Holygwell, votre servante écarte là, s’envole vers le 7e ciel et voit l’avenir des plans culs (c’est à dire souvent aucun le jour levé). Mes Soeurs, je vous le dis, le pouvoir des trois vaincra… les LGBTphobies !
Ce que je vois pour notre avenir est grandiose : toute la Bretagne convertie à la Perpétuelle Indulgence, le drapeau noir et blanc devenant arc-en-ciel et la Bretagne fort niquant sans honte ni culpabilité, et raie-yonnante en France et dans le monde pour sa culture du consentement et de la transpédalegouine florissante. Bon, y a du boulot les filles, clairement, mais heureusement nous sommes un mouvement international voir interplanétaire et nous trouverons des ressources ! J’ai tellement d’espoir et d’énergie quand je suis avec mes deux acoïtiques que j’y crois à cette vision !
[Sœur Frida] La bande passante a eu raison de mon passage sur le drive et en bonne dernière j’assume le rôle de la voiture balais avec tous les poils de mon sac, et puis nous encadrons la petite.
Qu’Il a été long ce parcours de postulante, il a commencé à ma première messe en éclatant en sanglots les yeux dans les yeux avec Soeur Lilipute. Qu’ il a été long ce parcours de novice, il a commencé quand Ophir a sangloté dans mon voile et s’est quasiment mouché dedans!
C’est bien simple, toutes les témouines sont congelées ou presque! Je suis la fille de toutes les soeurs qui se sont penchées sur moi. J’ai pris le temps de regarder de loin vivre mes soeurs, je les ai même vues depuis Tcheng dû, une petite province de Chine, elles se trémoussaient sur la messe à San Francisco, partout chez moi parce que voyageuse apatride, je regardais de plus loin ma famille.
J’ai attrapé ma cornette comme j’attrapais la queue du mickey petite, un bond en avant permis par Carmensida et par Maria Culasse, la pédale de gauche et la mère d’ouille n’ont pas eu les faveurs de la bande passante non plus. C’est avec beaucoup d’application que Carmensida a recopié tout le texte d’élévation qui venait compléter le sien. Nécessité fait loi et Callac, qui faisait l’actualité de la fachosphère, valait bien une messe. J’ai dépucelé mes cornettes devant 800 personnes quelques semaines après avoir rangé toutes mes affaires de novice comme on enterre un trésor du passé. C’est démontée d’émotions et de gratitude que je suis là, devant vous, pour célébrer cette naissance.
Je suis de partout, de tout temps, et comme vous j’ai toujours existé.
Ce couvent est le fruit du hasard qui n’existe pas, c’est un rêve que nous avons fait toutes les trois, chacune ignorant de son côté, que les deux autres le portaient et le chérissaient tout autant. C’est une rencontre qui a laissé naître l’estime et la confiance au gré des actions partagées.
Copi a dit « Après ma lobotomie, je vous aimerai davantage », à l’inverse, je ne vois pas comment oublier que je vous aime, ni comment je vous aimerais davantage, si ce n’est avec le temps peut-être…
Nos vœux restent les mêmes que ceux des couvents de France, mais comme les autres couvents de province, nous avons pour ambition de les faire rayonner sur TOUT notre territoire, et pas que dans nos plus grandes villes.
Vive la RUUUUUralité, vive les rêves party et vive les toilettes sèches !
Dur de faire les tasses dans les toilettes sèches…
Nous avons aussi pour ambition de nous allier très fortement au tissu associatif local en organisant des événements conjointement avec toutes celles et ceux qui voudront entrer dans la danse avec nous. S.O.S. Homophobie est notre tout premier partenaire local et nous comptons en faire de même avec toutes les autres associations œuvrant pour les droits et contre les discriminations des personnes LGBTQIA+.
Ainsi, nous avons choisi de sillonner la Bretagne les prochains mois pour notre cruisade : en mai fais ce qu’il te plait à Saint Brieuc, en juin dépiste toi les seins à Brest, en juillet mouille toi la baie à Quimper, en aout à bas le mazout à Douarnenez, en octobre fous le désordre à Rostrenen !
[Sœur Proxima] C’est en date du mardi 4 mars de l’an 55 après émeutes de Stonewall que nous nous sommes réunies et avons très officiellement, en la demeure de sœur Frida, fait advenir notre couvent pour la toute première fois. Et oui, pour celles et ceux qui se demandent, c’était bien le jour de Mardi Gras. En même temps, quand vous voyez les visages maquillés autour de moi, nous sommes un peu tombés en plein dans le mille ! Pas de hasard de calendrier chez les sœurs, juste le destin qui parle à notre place !
Je fais donc le serment solennel de faire tout ce qui est en mes super pouvoirs que sont la colle à tissus et les photos surexposées pour faire de nous les sœurs les plus bandantes que la Bretagne n’ait jamais connu ! D’ici fin 2026, on éclate le plafond du livret A avec notre compte OnlyFans @danstasoeurdanstoncoeur !
[SœurFrida] Moi je fais le serment de me planquer derrière le titre de président qui jette un œil et rectifie en passant, avec une arrogance et une suffisance sans nulle autre pareille. Je fais le serment d’offrir mes meilleures recettes de cuisine à mes sœurs, notamment celle du curry de choux- fleur.
[Sœur Mélusine] Je fais le serment d’être présente pour nos Ouailles, pour mes Soeurs et pour moi-même et de consigner par écrit tout ce que je verrai, entendrai, toucherai dans les moindres détails, en bonne secrétaire cochonne et concierge voyeuse, et voyante, de notre Couvent.
⁂
Interlude exequaturesque de notre Mater Ultima Emerita (in honorem retenta), Sœur Hildegarde du Pardon Éternel
Mes chères Sœurs, au sens large, « Sœurs » avec un grand S capital,
ce qui inclut tous les personnages, rôles et créatures diverses et variées de notre Ordre,
Mes cher·e·s ami·e·s de la société civile,
C'est emplie de joie et de fierté que je m'offre à vous aujourd'hui,
en qualité déjà de Mater Ultima Emerita in Honorem Retenta du Couvent de Paris, Maison Mère des Couvents de France — je vois que madame Zoé LesFentes, professeure de fitness et de yoga ici présente, tient à disposition des Kleenex pour les latinistes qui viennent de ruiner leur calebute… et je me tiens également à disposition des jeunes gens de moins de 40 ans bien faits de leur personne qui souhaitent une leçon particulière de version latine… les autres n'avaient qu'à mieux écouter en classe — en qualité donc de Mater Ultima etc. ET mandatée par notre mère à toutes, Sœur Rita du Calvaire de Marie-Madeleine Car-Elle-Aussi-A-Beaucoup-Souffert, Primate des Gaules et ArchiMère Générale des Couvents de France, qui n'a malheureusement pas pu se déplacer — tu penses, depuis qu'elle est en retraite, elle passe la moitié de son temps en croisière, et l'autre moitié du temps à Sitges pour se reposer… des croisiéristes… et des mojitos… — mais qui vous adresse par le truchement de votre humble serviteuse ses meilleurs vœux et pensées.
Mandatée, disais-je, pour procéder à la cérémonie de « bénéfice de l’Exequatur ».
Mais qu’est-ce donc que cette Exequatur, me direz-vous ?
Il s'agit, en quelque sorte, d'une « concession » de Perpétuelle Indulgence que notre Maison Mère de San Francisco a accordée au Couvent de Paris pour la France en l’an 24 après Stonewall, et qui est proclamée aujourd’hui au bénéfice du Couvent Écume et Nique de Bretagne, comme faisant partie intégrante de la grande famille de la Perpétuelle Indulgence.
Par principe, cette Exequatur n’implique aucune allégeance, ni obligation, ni dépendance, ni subordination, mais seulement un engagement de filiation symbolique au mouvement international des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence et à l’observation de ses vœux.
Nous allons d'ailleurs procéder maintenant à la confirmation de ces vœux.
J'appelle Sœur Proxima des Senteurs, Sœur Frida Culot Rectal et Sœur Mélusine du Sexe-Tuple Orgasme à se présenter devant moi.
Mes Sœurs, faites-vous serment de respecter les vœux de notre Ordre ?
La promotion de la joie multiverselle
L'expiation de la honte et de la culpabilité stigmatisante
La paix et le dialogue entre communautés
La charité
L'information et la prévention du VIH et des IST
Le droit et le devoir de mémoire
[Les Sœurs répondent : « Oui, nous le voulons » après chaque vœu]
Levez-vous et rejoignez-nous mes Sœurs.
Tous nos vœux sont d’égale importance. Chacun d’eux est un pilier fondamental de notre Ordre, chacun d’eux est une promesse faite au monde, à nos communautés, et à nous-mêmes.
Permettez-moi cependant de m’attarder un instant sur le dernier : « Le droit et le devoir de mémoire ».
Car en ces temps incertains, où la parole se déforme, où l’histoire se falsifie, se réécrit, ou pire, s’efface, il est du rôle de chacune et de chacun d’entre vous de raconter, de transmettre, de témoigner, de porter les voix de celles et ceux que l’on a trop souvent voulu faire taire, et de rappeler que nos luttes sont faites de visages, de noms, de larmes et de rires, et surtout d'amour.
On a tenté de faire croire qu’on n’existait pas. Qu’on n’avait jamais été là. Qu’on ne méritait ni passé, ni présent, ni futur.
Et bien non !
Nous, les Lesbiennes, Gays, Bisexuel·le·s, Trans, Queers, en questionnement, Intersexes, Pansexuel·le·s, Asexuel·le·s, Aromantiques, Two Spirits, Non-binaires, Genderfluid, Drag Kings et Drag Queens, les Folles, les Hunks et les Twinks, les Butch et les Lipstick, et toutes les âmes en marge,
nous avons été !
Nous sommes !
Et nous serons !
Pour que jamais l’oubli ne repeigne l’Histoire en beige, nous, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, nous serons là, fermes dans nos talons, féroces dans notre amour, pour vous soutenir, vous épauler, vous célébrer, avec toute notre ferveur militante et notre amour inconditionnel !
Aujourd’hui, un nouveau Couvent s’érige.
Ce n’est pas un hasard.
Ce n’est pas une coïncidence.
C’est une réponse, flamboyante et communautaire.
Alors, mes chères Sœurs et mes cher·e·s ami·e·s de la société civile, devant vous, ce samedi 19 avril de l'an 56 après Stonewall, jour de la Sainte Emma — ça ne s'invente pas — je proclame accordé le bénéfice de l’Exequatur au Couvent Écume et Nique de Bretagne, en cette belle ville de Rennes !
Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !
⁂
Ma Mère, je profite de cet instant rare pour vous dire tout le mal que je pense de vous maintenant que l’Exequatur est officiellement remis. Je vous déteste, je vous renie, et je ne vous pisse pas à la raie car je sais que vous aimeriez bien trop ça !
Plus sérieusement, encore un grand merci d’avoir œuvré en coulisse pour nous aider dans cette folle aventure. Le soutien que j’ai reçu de vous a, encore une fois, été sans faille et si précieux. À cet effet, nous avons décidé de vous attribuer le titre de Mère Intérieure (et Mere Intérieure) de notre Couvent, car nous savons toutes qu’il s’y passe beaucoup trop de choses, enfin, surtout, on le sent !
Ce n’est donc pas sans émotions que je vais vous demander de retirer vos cornettes parisiennes pour que je vous coiffe à la mode de chez nous !
Il est temps d’en finir avec cette prise de parole, mais surtout de commencer enfin l’écriture commune de notre couvent Breton.
En ce samedi 19 avril, jour de la sainte Emma, dicton : « À la Sainte Emma, tes fourrages en bas ! », jour de l’anniversaire d’Evelyne Dhéliat et de Gad Elmaleh, jour aussi du début de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, début du weekend de Pâques, moment sororal ô combien symbolique puisque c’est à cette date que le tout premier couvent des sœurs de la Perpétuelle Indulgence fut créé par nos illustres fondeuses Sœur Vicious Power Hungry Bitch, Sœur Missionary Position Delight, Sœur Hysterectoria et Reverend Mother…
et devant cette assemblée ici réunie Place de Bretagne composée de nos sœurs, novices, anges, bienfaiteur·ice·s, frères, sœurs, filles, amants, amours… mais aussi sous l’autorité absolue de notre ArchiMère Générale Rita du Calvaire de Marie-Madeleine et sous le regard bienveillant de nos Sœurs du Paradisco :
Nous,
Sœur Proxima des Senteurs des Astres Eternels,
Mère Postérieure du couvent de Bretagne,
Gardienne de la Gaylaxie,
Protectrice des Voix Lactées,
Le FHAR dans ta nuit,
Remakupée 2e du nom,
dite la Pailleteuse Musquée.
Sœur Frida Culot Rectal Ar Ch’Alvar,
Mère Antérieure du couvent de Bretagne,
Prêtresse de la météo des Bandes Passantes,
Premier violon des Sœurs de France,
Dernière gardienne du 3615 Ulla,
Roger et Louise de sa Thelma,
dite l’Ensorceleuse de l’Avalée.
Sœur Mélusine du Sexe-Tuple Orgasme,
Mère Bite en Chou-fleur du couvent de Bretagne,
Liseuse d'avenir dans les graines en vrac et dans les toilettes sèches,
Gouroue Non Violente du Motus et Couche Bousue,
Défenseuse des plaisirs tantriques de Santiâmo et Linga-Linga,
dite la Meluluberlu des Campagnes,
dite aussi la Dame Blanche de Trécesson (mais finie à la truelle).
Communions ensemble pour former le Couvent Écume et Nique de Bretagne de l’Ordre des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, et jurons fidélité à notre Ordre, à nos Vœux, à nos Sœurs et à nos ouailles pour des siècles et des siècles.
Chouchen,
Amen,
A-women et quel que soit ton genre !